"Gran Torino" de Clint Eastwood
Au final, je dois reconnaître que Kevin avait bien raison de conseiller ce film qui confirme qu'un film de Clint Eastwood sera toujours une valeur sûre, même comparé avec un film qui croule sous les oscars.
Je m'associe donc à Kevin pour recommander ce film à tous ceux qui veulent passer un bon moment à voir Clint Eastwood, campant un brave américain de souche (que son origine polonaise lui garantit), mettre au garde-à-vous tous ces sales étrangers que sont "les bols de riz", les "negros", les "tacos", et autres "métèques".
Et parce que le but d'une bande annonce, c'est de donner envie d'aller voir un film, j'en rajoute une couche :
Attention, maintenant, va y avoir du spoiler, donc si vous voulez pas en apprendre de trop sur le film, passez votre chemin...
L'histoire, c'est celle de Walt Kowalski, que l'on découvre lors de l'enterrement de sa femme durant lequel il se met régulièrement à grogner lorsque l'un de ses descendants fait un écart par rapport à ses valeurs. Et il y en a. Par exemple le fiston qui arrive dans une bagnole japonaise alors que Walt a passé toute sa vie à bosser chez Ford, ou sa petite fille qui arrive à l'église en exhibant son nombril et en téléphonant.
Mais il n'en a pas que contre sa famille. Loin de là. Ceux qui recueillent la super cagnotte des grognements, ce sont ces sales faces de nem qui ont investi son voisinage. Et ça peut se comprendre pour ce vétéran de la guerre de Corée. Et comme c'est quand même beaucoup plus simple de mettre tous les étrangers dans le même sac (de riz), ben les "sales negros", les "sales métèques", tout ça, ils ont droit aussi à des grognements.
Le décor est planté, Walt est un vieux réac' raciste qui vit dans un monde avec des valeurs qui n'existent plus. Et au milieu de cette bonne ambiance familiale et de ces délicats rapports de voisinage va naître une amitié improbable entre Walt et Thao le bouffeur de riz qui habite juste à côté de chez lui.
Bref, l'histoire est basée sur un schéma ultra classique. On sent que ça va dégouliner de bons sentiments. On s'attend à ce que Walt finisse par s'ouvrir à une culture qu'il rejette initialement par ignorance. Puis qu'une amitié inavouée naisse entre lui et Thao avant d'être révélée lors d'une mise à l'épreuve. Et effectivement, on a droit à tout ça.
Mais malgré cette anticipation, on se laisse porter par la narration. Essentiellement grâce au langage fleuri de Walt. Et on se régale quand il traite le curé de "jeune puceau suréduqué de 27 ans qui tient la main des vieilles dames supersitieuses et leur promet l'éternité" ou qu'il gère les 4 blacks, un peu à la Harry Callahan, qui cherchent des noises à Sue.
Par contre, des fois, on est un peu perdu. Enfin, moi, j'étais perdu. Parce qu'à certains moments, on a l'impression que Walt va se transformer en Charles Bronson période "justicier dans la ville". Et un justicier de 78 balais, on n'ose pas trop y croire.
Et puis les leçons de geopolitique de la part de Sue qui explique qu'elle appartient à la communauté Hmong, occupant partiellement les territoires du Laos, de la Thaïlande et de la Chine, qui ont combattu aux côtés des américains lors de la guerre du Vietnam et que après la guerre, un peu comme nos harkis, ils ont dû se barrer de chez eux parce que c'était un peu chaud pour eux, du coup, ils débarquent aux Etats-Unis et blablabla...
La scène aussi avec le fils de Walt qui débarque avec sa femme pour son anniversaire et lui offre une pince pour attraper les trucs par terre ainsi qu'un téléphone avec des grosses touches. Cette d'infantilisation de Walt, couronnée par une grosse grimace de Walt en gros plan, on tapait bien dans la caricature. Limite le burlesque.
Mais à part ça, il y a de grandes scènes. Beaucoup sont drôles et d'autres plus touchantes.
Comme scène drôle, ma préférée, c'est tout de même celle où Walt amène Thao chez son pote le barbier rital pour lui montrer à quoi ressemble une conversation entre vrais mecs. Ca, c'est un grand moment. Et il y en a beaucoup dans le même genre. On se régale.
Et comme scène plus touchante, celle où il enferme Thao dans le sous-sol pour le protéger de son besoin de vengeance. Plus particulièrement lorsque Walt lui avoue son crime de guerre qui l'a hanté toute sa vie. L'échange qu'ils ont à ce moment-là, séparés par une porte grillagée, ressemble à une réelle confession et renvoit à une scène précédente dans laquelle il se confessait à l'église avec ce puceau de curé sans évoquer ce crime.
Bref, des tas de très bonnes scènes. Une fin relativement porteuse d'espoirs. Et puis Thao qui se barre avec la Gran Torino que Walt lui laisse "à la condition que tu ne coupes pas le toit comme le font ces sales tacos, que tu ne peignes pas dessus des flammes débiles comme le font un tas de péquenauds tarés blancs et que tu ne mettes un aileron de pédé sur le coffre arrière comme on en voit sur toutes les voitures de bridés. C'est absolument horrible."
Si c'est pas une leçon de classe américaine, ça....et puis aussi une vanne pour Starsky qui avait lui aussi une Gran Torino un peu customizée. Starsky serait un péquenaud taré blanc ?
Références :
http://www.thegrantorino.com/